Plus qu’un corps qui sombre sans violence comme si ton cœur ne battait plus Déplace cette main : en bout de table s’évapore un précipice.
Le regard la peau les lèvres la chaleur et les seins peut-être défragmentent l’espace dedans. Il te faut soutenir le dense récupérer un sens dans ce qui a eu lieu.
Ressens ! Des particules de sang opèrent jusqu’à l’étincelle de joie Pour une brûlure tu vivras dans ta chair sans main.
Tu te sens seul. Tu écris. Tout le monde écrit, tout le monde se sent seul. Les librairies et les bibliothèques sont des greniers de solitude. Les musées, sans doute, aussi.
Petites notes intimes, poèmes, anecdotes, débuts de romans qui tournent souvent court. Pensées. Coups de pinceaux, notes de musique. Eclisses de bois et de marbre, Lambeaux de chairs qui se détachent de toi.
Une voix intérieure épaufre le silence. Dans chaque chose où tu laisses ton empreinte, une haleine se réchauffe.
Le jour te traverse, la nuit te hante, il te faut allumer une flamme contre le vent. C’est à ce prix que tu continues.
Là, dans la lueur fragile et dérisoire de ton expression, tu t’approches de la sensation d’être enfin quelqu’un en ce monde.
Ta mémoire, fragile royaume qui se soulève contre la mort rôdant, voilà une plaie qu’il te faut garder vive. Car la refermer serait mourir. …
Chaque mot est un balbutiement de lèvres une putain que je suce. Mon désir est là sans que je prenne plaisir c'est un travail que je dois accomplir. Et je m'y adonne Je m'y enfonce jusqu'au cri. Dernier repli, dernière sueur des langues, verbe crachant ses pantelances de raison froide dans l'humide brûlure… Ce n'est pas un enfant qui naîtra mais tout un ordre de viscères.