Tout à l'égo / Biographie bavarde
« Détournement de mineurs et travail au corps »
Après avoir convaincu ses deux frères alors en pleine crise d’adolescence que la musique est le meilleur moyen d’exprimer sa rage et de séduire les filles, le plus grand de la fratrie tente de les initier au deux temps : 1. je me branche ; 2. je fais du bruit. L’entreprise familiale de massacre de la musique est alors lancée. Sur les platines tournent en vrac ACDC, Trust,Renaud, Thiéfaine, The Clash, PJ Harvey, Kat Onoma. Sur les tables traînent Fante, Burroughs, Breton, Neruda et Prévert… Impressionné par une bande originale rassemblant Miles Davis et John Lee Hooker, le trio à peine pubère attaque les scènes d’Aveyron et de Lozère sous le nom de Hot Spot Band :le goût de la contradiction pour un groupe qui ne chante qu’en français au moment où tout le monde chante en anglais. Hot Spot remporte le tremplin Rock Aveyron, participe aux présélections de Bourges Midi Pyrénées et à plusieurs festivals. Mais le nom anglophone commence à porter préjudice au groupe :après avoir été invité dans un festival country, le trio fraternel décide de couper court à la mauvaise blague et opte pour des consonances plus proches de ses convictions politiques. Troïka est né.
« De la sueur et des larmes. »
Fêtant comme il se doit sa victoire au tremplin Rock Lozère à la fin des années 90, le trio se fait aborder par un intermittent sourd et muet, Benjamin, qui leur propose de devenir leur ingénieur du son. Celui-ci se met derrière la console et accompagne le groupe pour quelques dates ;des propositions plus alléchantes et plus nourrissantes le conduisent rapidement ailleurs. A l’époque, les trois frères se retrouvent deux fois par mois pour des concerts dans le sud, de Bayonne à Montpellier ; le reste du temps, l’un vit à Montpellier, l’autre à Paris et le troisième à Toulouse.C’est là qu’Antoine se manifeste, saxophone en bandoulière, et initie le groupe à de nouvelles techniques musicales, parmi lesquelles le solfège tient une place importante. Hélas la volonté ne fait pas tout… Malgré ses lacunes, Troïka enregistre un premier album 5 titres, « Les Mots Tocsins ». Les dates se multiplient, de cafés-concerts en festival. Les 500 exemplaires du disque sont alors écoulés.
« Variations médiatico-démagogiques. »
De la suite dans les idées : Benjamin revient, mais, cette fois-ci, guitare au poing. Le groupe vient de se fixer géographiquement à Montpellier et l’arrivée d’une seconde guitare donne une nouvelle dimension aux prestations scéniques du quatuor. Troïka enregistre « Variations médiatico-démagogiques », un 10 titres très bien accueilli là où il est envoyé : le groupe n’a alors aucune politique de communication. Seul objectif : monter un site internet pour diffuser gratuitement les morceaux enregistrés ; revolutionnaires.org voit le jour et permet le téléchargement de plus de 1500 titres (et 1000 disques distribués en concert).Antoine devient également un membre actif de la Troïka Ltd. Le groupe fait encore quelques tremplins qu’il remporte (notamment celui du festival de Rousson et l’Exo7 de Montpellier). Plusieurs premières parties (Silmarils, Blankass,Ruda Salska, Massilia Sound System…), de nombreux festivals et quelques têtes d’affiches, dont celle du festival Arrière Court à Clermont-Ferrand, devant plus de 1500 personnes. L’heure des premiers bilans : on finira par se rendre compte que, depuis le Hot Spot Band, certains morceaux (comme « A en crever » et « De la sueur et des larmes ») ont été joués à l’occasion de plus de 200 concerts.
« Gênes en attendant … l’hibernation. »
Au milieu des années 2000, Troïka fait presser « Gênes en attendant », 4 titres dont 2 ont été enregistrés et mixés par le groupe lui-même. Nouvelles expériences, nouvelles voies, nouvelles scènes. Musique électronique et boucles viennent s’ajouter aux riffs rocks post-puberté. Fidèle à sa politique suicidaire de zéro rentabilité, le groupe distribue le 4 titres à quelques milliers d’exemplaires durant les concerts. Puis, tiraillé entre des obligations professionnelles et familiales, le groupe entre progressivement dans une phase de léthargie mortifère. Ils fêtent le baby-boom de l’an 2000 avec quelques années de retard et décident de relancer une vaste campagne de natalité et de repeuplement des campagnes reculées de l’Hérault et de la Lozère. Le deuxième guitariste, webmaster incompris, est parti libérer Ingrid Betancourt, à moins que ce ne soit l’inverse.
« Puisqu’il s’agit de vivre. »
En 2011, grâce aux progrès de la science et aux découvertes en matière d’anti-vieillissement, les trois frères reprennent progressivement les chemins du local de répétition, même si le lait Guigoz et « Petit Ours Brun »ont parfois une fâcheuse tendance à remplacer la bière frelatée et « Le Capital ». Le groupe s’obstine dans le maniement des nouvelles technologies et s’essaie à la création, plus ou moins heureuse, d’une page myspace. Avec le retour du saxophoniste prodigue, enfin muni d’un « Solphège pour les nuls », et l’arrivée d’un cinquième musicien au nom de famille étonnamment proche de celui du trio original, Troïka continue son expérience en espérant multiplier sur scène ou ailleurs les rencontres les plus fécondes. Il projette actuellement un nouvel album pour le deuxième semestre 2014 et organise son retour sur scène, avec le même engagement et la même radicalité qu’à ses débuts, l’arthrose en plus évidemment. Dans le même temps, les sorties des chantres de l'ex/futur omniprésident n’en finissent pas d’alimenter allègrement la créativité du groupe qui a trouvé une nouvelle muse dans les sorties et les frasques marines et sarkozistes.